Laisse béton !
Le mois de juin est là et avec lui, une nouvelle saison d’élections, départementales et régionales cette fois. L’occasion de découvrir la difficulté de certains élus d’opposition à maintenir une ligne claire sur le béton Chavillois et pour Aimer Chaville, d’assumer une politique mesurée de développement urbain, pour continuer de faire évoluer la ville sans la dénaturer.
D’un côté, on entend beaucoup parler d’un Chaville sans béton, contre les constructions, sans que l’on comprenne bien si cela consiste à figer le Chaville d’aujourd’hui définitivement et avec lui, son lot de passoires thermiques bien peu écologiques. Que ne lit-on pas sur les vilains promoteurs immobiliers qui viennent défigurer la ville !
De l’autre, on découvre dans la littérature électorale de ces mêmes élus anti-construction qu’il faudrait plus de logements sociaux et dans le même temps, mettre fin aux passoires thermiques. Mais alors, doit-on les rénover, sachant que la rénovation d’un bon nombre d’entre elles est tout simplement impossible ? Les détruire ? Dans ce cas, les détruire sans les remplacer ? Mais donc, comment parvenir à construire ces logements demandés par les mêmes, si l’on ne les construit pas ? On ne peut pas d’un côté vouloir des logements sociaux, et de l’autre reprocher qu’ils soient construits, ça n’a pas de sens…
Quant aux immeubles privés, là encore, la question est assez simple à trancher : la loi impose, en France, la liberté de propriété. On peut s’engager politiquement pour faire changer ce grand principe constitutionnel mais tant qu’il existe, on doit s’en accommoder. Et donc accepter qu’un propriétaire vende son bien à qui il le souhaite, même si c’est hélas bien souvent un promoteur qui peut acheter son terrain. Pas toujours, heureusement. Mais il est totalement illusoire d’imaginer qu’une petite ville comme Chaville puisse avoir les moyens de préempter toutes les maisons qui sont à vendre et qui sont bien souvent dans un tel état qu’elles ne trouvent pas d’autres repreneurs que ceux qui ont un intérêt foncier, et non de conservation en l’état ou en vue d’une rénovation souvent impossible.
Nous sommes particulièrement ravis de constater que finalement, par-delà les postures partisanes, nous sommes tous d’accord tant sur la nécessité de disposer de logements nouveaux sur Chaville que de mettre fin aux passoires thermiques. Et c’est tant mieux car tout ceci, au-delà d’une réelle volonté politique des uns ou des autres, nous est de toutes façons imposé par la loi. Chaque commune doit proposer 25% de logements sociaux. Grâce à la politique menée par la municipalité, nous y sommes.
Construire le Chaville de demain
Alors, on fait quoi ?
On cesse toute construction et on ne propose plus de logements sociaux, pour ensuite venir pleurer sur le fait que l’attente pour les demandeurs de logement sociaux est trop longue ?
Au risque de faire baisser le pourcentage de logements sur la ville, ce qui permettra ensuite au Préfet d’imposer des constructions sur des terrains publics ?
Pour mémoire, le projet immobilier qui se construit actuellement sur le parking de la gare Rive Droite aurait dû être construit sur le terrain de la Maison de l’Enfance et de la Jeunesse et sur celui de la vigne adjacente, sur demande du Préfet…
Ou on reste raisonnable et on maintient le chiffre de 25% imposé par la loi SRU ?
Parce qu’imaginer qu’il est possible de ne plus rien construire, c’est mentir aux Chavillois. Aujourd’hui, l’essentiel des logements sociaux est construit dans des immeubles dits mixtes, c’est-à-dire accueillants à la fois des propriétaires (accession à la propriété, accession sociale à la propriété) et des logements sociaux. Et ces bâtiments sont bien construits par quelqu’un, à savoir les vilains méchants promoteurs. Finalement, parfois, on est bien contents de les trouver. Voire même d’investir dans leurs constructions ou d’accepter un logement social dedans. Restons honnêtes.
La question à se poser, c’est quel Chaville voulons-nous demain. Et donc, quelles constructions.
Sur le plan urbanistique, le PLUI répond à cette question. Contrairement à certaines agglomérations qui ont modifiés leur PLU pour permettre aux promoteurs de faire un peu ce qu’ils voulaient -c’est-à-dire obtenir le plus de mètres carrés constructibles possibles- Chaville, au contraire, n’a eu cesse que de préserver toujours plus ses quartiers.
En effet, depuis 2008, il a été choisi de préserver les coteaux et de ne pas permettre la construction de grands ensembles immobiliers trop élevés en étage. Et c’est déjà modifier Chaville : regardez l’avenue Roger Salengro, on peut y dénombrer de nombreux immeubles très élevés. Aujourd’hui, il ne serait plus possible de les construire, la hauteur est limitée.
La dernière modification du PLU contient également une avancée considérable pour préserver le pourcentage des logements sociaux sur Chaville. En effet, jusqu’ici, il était prévu que les programmes immobiliers n’intègrent 25% de logements sociaux qu’à partir du seuil de 3000 m2. Chaville contenant de nombreuses petites parcelles, il était possible de construire des logements privés d’une surface totale inférieure à 3000 m2, sans y mettre un seul logement social. Conséquence directe : ces constructions augmentaient le nombre de logements disponibles, mais cela faisait mathématiquement baisser le pourcentage des logements sociaux sur la Ville, et il fallait donc de nouveaux programmes immobiliers pour se retrouver à nouveau dans les clous du taux de 25% de logements sociaux exigé par la loi SRU !
La modification n°3 du PLU, votée par le conseil de territoire de GPSO le 18 décembre 2019, abaisse ce plancher à 1200 m2 de surface plancher. A partir de 1200 m2, tous les programmes immobiliers de logement doivent désormais contenir 25% de logements sociaux. Or ce chiffre est très bas : pour un promoteur immobilier, il n’est pas rentable de construire un programme de logements inférieurs à ce plancher. C’est donc une mesure forte mise en place par la municipalité pour préserver le taux de logements sociaux sur la ville.
Au-delà du nombre de ces questions d’étages et de taux de logements sociaux, une question reste au centre des préoccupations : quelle qualité de bâti pour les nouvelles constructions ? Et bien c’est une fois de plus la loi qui va imposer de nouvelles règles, auxquelles les constructeurs devront se plier.
La RE 2020, un outil pour la transition énergétique du bâti
A compter du 1er janvier 2022, dans un peu plus de 6 mois, la Règlementation Environnementale 2020 (RE2020) entrera en vigueur et imposera de nouvelles contraintes pour les constructions. Voici les grands principes de la RE 2020 :
- “Diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs”, notamment par l’emploi de modes constructifs peu émetteurs de gaz à effet de serre permettant d’en stocker. Par exemple : recours aux matériaux biosourcés, utilisation de sources d’énergie décarbonées comme la chaleur renouvelable.
- “Poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse des consommations des bâtiments neufs.”
- Les logements individuels ne devront pas dépasser un plafond d'émission de dioxyde de carbone pour la consommation d'énergie, de 4 kilos de CO2 par mètre carré et par an.
- La consommation de chauffage devra être inférieure à 12 kWhep/m2.
- La consommation totale d’énergie devra être inférieure à 100 kWh/m², soit deux fois moins que dans la RT2012.
- Les logements neufs devront adopter un bilan énergétique passif. Signifiant qu’une maison devra produire autant d'énergie qu’elle n’en consomme.
- “Garantir aux habitants que leur logement sera adapté aux conditions climatiques futures, en introduisant un objectif de confort en été.”
Les permis de construire déposés après l’été 2021 devront prendre en compte la nouvelle réglementation. C’est-à-dire dans quelques semaines.
Il est toujours intéressant de voir les postures prises par les uns et les autres sur tel ou tel sujet. Mais en l’espèce, combien ont mis en œuvre leurs principes et investi dans une passoire thermique énergivore, qu’ils ont ensuite rénovée pour qu’elle émette moins de gaz à effet de serre ? Et combien ont en fait acheté des appartements chez les promoteurs privés qu’ils critiquent ?
La vie politique, ça n’est pas que crier sur des marchés, sur les réseaux sociaux ou dans des tracts. C’est la mise en œuvre d’une politique concrète pour offrir aux Chavillois le meilleur cadre de vie possible. Les postures, c’est un peu léger. A bon entendeur…